Presque demain déjà 

si dans le jour je marche sachant que sur mes épaules 

s’amoncellent les strates des violences éculées

je sais que la nuit les miasmes de la journée 

me bercent m’enlacent sangsues 

cupides étrangères pernicieuses  

se glissant derrière mes oreilles

pour mieux rentrer dans les trous de mon corps 

brassée le sexe ouvert dans l’œil de la tornade


j’avale le dehors et je ne le digère jamais 


cauchemardée lézardée supprimée de naissance

je dors dans tout ce qui n’est pas moi 

dans les masques 

du réel diffracté 


me suis-je réellement défaite des voiles pour me découvrir 

réellement sainte et entière réellement

pleine de mes propres contours et irriguée 

de mon propre sang parlant ma langue propre


~ Chloé Savoie-Bernard